Serions-nous devenus paresseux ?
Au prétexte de gagner du temps, sorte de résultat synonyme de performance et de crédibilité pour tout professionnel qui se respecte, nous avons peu à peu abandonné tout travail d’esprit critique.
Chaque minute passée sur les chaines d’information en continu suffit à contenter notre esprit cartésien qui se nourrit de chiffres, de statistiques et de moyennes.
Puisque les journalistes font pour nous le travail d’investigation, pourquoi devrions-nous perdre du temps et donc de la performance à investiguer par nous-même, à réfléchir au sens même des informations qui nous environnent.
La crise des « gilets jaunes », au-delà des nombreux commentaires déjà entendus, n’est-elle pas la preuve flagrante de cette paresse des hommes politiques, des économistes et de tous les acteurs qui n’ont rien vu venir.
Lorsque l’on raisonne en chiffres et en statistiques on perd tous sens commun, on perd tout contact avec le réel.
Mais cette paresse qui s’est peu à peu insinuée dans nos intérieurs, dans notre mode de consommation ou toute nouveauté flatte la facilité et la passivité, dans notre relation à l’autre, dans nos capacités de réflexions, cette paresse-là est finalement contre-productive.
Car enfin, l’efficacité n’est-elle pas au bout d’une juste réflexion, au bout d’un juste diagnostic, au bout d’une écoute active, au bout d’un temps perdu mais si nécessaire pour agir avec sagesse et discernement.
Nous revendiquons, au cœur de nos échanges avec nos clients, une nouvelle paresse, celle qui prend le temps de vous écouter, celle qui vous impose parfois de différer votre souhait d’obtenir des réponses immédiates, celle qui permet de reprendre en main votre propre réflexion, votre esprit critique, votre autonomie de pensée, bref cette paresse, désangoissante de surcroît, qui demande du temps et des efforts.
Nous sommes convaincus, à l’image des philosophes grecs, que la perte de temps n’est pas paresseuse car elle nous oblige, comme pour la justifier, à être tout simplement pertinents pour mieux vous servir.
Le 9 décembre 2018
Jacques Riché